Y-a-t-il eu vraiment un début ?
Quelques amis et des amis des amis rêvaient d’un habitat groupé intergénérationnel. En 2012, à une petite dizaine d’adultes de 35 à 70 ans, nous nous sommes rencontrés pour échanger sur ce projet. Au fil des réunions, certains nous ont rejoint et d’autres sont partis. Parfois pour des questions de localisation, à d’autres moments parce que le projet n’avançait pas, ou pour une autre région.
Oui mais quel projet?
Nous cherchions un endroit qui pourrait abriter notre groupe sans le fermer. Il devait être ouvert sur l’extérieur; un lieu simple qui favorise un mode de vie alternatif. Un mode de vie avec mise en commun d’une série de moyens tout en préservant l’autonomie de chaque famille, un endroit proche de la ville et des transports en commun, un espace suffisamment grand avec potager, verger…
Nous avons rencontré d’autres habitats groupés: les « Fondus du petit marais », l’habitat groupé de Buzet, le groupe « Habitat et participation ». Nous avons également participé à des rencontres pour avoir un éclairage juridique ou notarial.
Des mots comme coopérative, copropriété, fondation, « Community Land Trust » sont devenus plus familiers sans être encore pleinement maîtrisés par chacun. Des concepts comme droits démembrés, emphythéose, droits de superficie et sociocratie ont précisé un mode de décision auquel nous tenions.
Un moment nous avons imaginé aussi pouvoir être partiellement un habitat d’accueil à porter avec un service spécialisé. Nous avons jonglé avec les réunions où il fallait aussi laisser la place aux enfants.
Nous avons compris que ce ne serait pas simple en entendant les autres expériences. Il a fallu beaucoup d’échanges pour aboutir à une charte, pour aider à aller plus loin et à nous approprier le projet.
En seconde vente publique,nous avons acquis la ferme en janvier 2014. Les fermiers et leur mode de fonctionnement ont depuis moins de secrets pour nous. Nous avons déménagé des tonnes de paille, de multiples bidons et autres plastiques, abattu des toits et des murs délabrés avec quelques tendinites au passage. Les enfants n’ont pas été en reste !
Ceci c’était avant 2015, ensuite …
Ensuite nous avons réfléchi nos maisons pour dépenser le moins possible de ressources et avons continué à chercher de nouveaux habitants qui étaient preneurs du projet. Marjorie, Antoine, Capucine et Arthur nous ont rejoints, et plus récemment Gauthier. Certains ont réfléchi longtemps et nous ont bien aidé mais sans finalement embarquer.
Le gros œuvre des maisons a été réalisé par des professionnels (toitures, murs,…) Pour le reste, c’est de l’auto-construction totale ou limitée aux peaufinements suivant les compétences des uns et des autres et l’énergie de chacun. Quels matériaux choisir (chaux, argile, liège, bois local, paille…)? Pour quoi ?
Certaines familles sont ainsi passées par la case « logement temporaire » en utilisant sur le site des habitats légers (caravanes ou yourtes), le temps de rénover leur maison.
Les réunions se sont multipliées et structurées en fondation et chantier !
Certains sujets, comme celui d’ORES, sont devenus des feuilletons – parfois à rebondissements; nous avons ainsi perçu combien l’environnement bureaucratique et la sociocratie sont éloignés l’un de l’autre.